Journal du Club des Cordeliers - Au Royaume-Uni, des villageois s'organisent pour sauver leurs pubs

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Au Royaume-Uni, des villageois s'organisent pour sauver leurs pubs
Au Royaume-Uni, des villageois s'organisent pour sauver leurs pubs / Photo: Daniel MATTHEWS - AFP

Au Royaume-Uni, des villageois s'organisent pour sauver leurs pubs

Il y a quelques années, le Radnor Arms, un pub vieux de près de 200 ans situé dans un village du Pays de Galles tombait en ruine: l'eau suintait le long des murs, le lierre gagnait les fenêtres brisées et des squelettes de rats jonchaient le sol.

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Aujourd'hui, l'établissement renaît et les rires résonnent de nouveau entre ses murs, grâce à la détermination de quelques habitants qui ont réussi à lever les fonds nécessaires pour le sauver.

Ouvert dans les années 1830 à New Radnor, un village pittoresque du sud du Pays de Galles, il avait fermé ses portes en 2016, faute de rentabilité.

Un sort partagé par des dizaines de milliers de pubs au Royaume-Uni, sous l'effet de la hausse des coûts d'exploitation et de la baisse de la consommation d'alcool.

Plus d'un quart des 60.800 établissements recensés en 2000 ont mis la clé sous la porte au cours des 25 dernières années.

Et la tendance se poursuit: 378 pubs - plus d'un par jour - devraient encore fermer leurs portes cette année, sur les 45.000 encore en activité fin 2024, selon la British Beer and Pub Association (BBPA), leur principal syndicat.

- "Coeur du village" -

A une époque, les 438 habitants de New Radnor pouvaient choisir entre six établissements pour se retrouver autour d'un verre. La fermeture du Radnor Arms en 2016 les avait privés de leur dernier lieu de rassemblement.

"C'était le cœur du village", se souvient David Pyle, psychiatre retraité installé depuis 18 ans juste à côté du pub.

"Parfois, on entendait un peu de brouhaha, parfois un rugissement quand le Pays de Galles marquait, ou encore un chœur d'hommes chanter... C'était super. Et puis il a fermé".

"C'était un endroit où n'importe qui pouvait entrer. Nous avons vécu des naissances, des décès et des mariages ici", raconte Sue Norton, une retraitée devenue présidente du collectif de sauvegarde du pub.

Pour lui donner une seconde vie, elle et son collectif ont fait appel au "fonds pour la propriété communautaire", un programme gouvernemental d'aide au rachat de pubs ou commerces menacés.

Une levée de fonds organisée l'an dernier a permis de récolter 200.000 livres (environ 230.000 euros), une somme doublée grâce au programme d'aide gouvernemental, complété par une autre subvention de 40.000 livres.

Avec 440.000 livres en poche, les villageois ont pu racheter, rénover et rouvrir le pub, faisant appel à des bénévoles pour travailler derrière le bar.

Parmi eux, Eugene Marchenko, un réfugié ukrainien de 44 ans, hébergé par un villageois avec sa femme et son fils.

Cet avocat originaire de Dnipro, dans l'est de l'Ukraine, raconte que sa nouvelle activité lui a permis de rencontrer presque tous les habitants du village.

- "Endroit de partage" -

"J'avais lu dans des livres que le pub est une tradition britannique célèbre, mais maintenant je le vis. Ce n'est pas juste boire de l'alcool, c'est un endroit où on partage, où tout le monde se connaît", raconte-t-il.

Créé en 2021 sous Boris Johnson, le fonds pour la propriété communautaire a permis de sauver 55 pubs à travers le pays, selon Plunkett UK, une association qui accompagne les projets d'entreprises en milieu rural.

Mais le programme a été fermé en décembre par le gouvernement travailliste, arrivé au pouvoir en 2024, qui a invoqué les difficultés financières "léguées" par les conservateurs.

Bien que soulagés d'avoir pu déposer leur dossier à temps, les habitants de New Radnor regrettent que d'autres n'aient pas cette chance.

Même si pour l'heure, ils savourent leur victoire. Car loin d'être un simple pub, le Radnor Arms a pour vocation d'accueillir une variété d'activités, des matinées pour les mères et leurs bébés à des sessions d'aide aux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et à ceux qui les accompagnent.

P.Philippe--JdCdC