Macron veut "amplifier" la lutte contre le narcotrafic
Emmanuel Macron a demandé mardi "d'amplifier" la lutte contre le narcotrafic lors d'une réunion d'urgence à l'Elysée, organisée après plusieurs faits criminels, qui s'inspirera de celle contre le terrorisme, selon Sébastien Lecornu.
Cette mobilisation intervient après l'assassinat du frère d'un militant écologiste à Marseille, un "crime d'intimidation" des narcotrafiquants qui marque "un point de bascule", d'après le gouvernement.
"C'est un combat qui ne fait que commencer", a prévenu devant l'Assemblée nationale le Premier ministre, en appelant à "l'unité nationale" et à s'inspirer de "ce qui a été fait avec succès dans le passé" en matière de lutte "contre le terrorisme".
Il répondait à une question de la cheffe de file des députés écologistes Gabrielle Chatelain, applaudie par les députés debout quand elle a rendu hommage à Mehdi Kessaci, frère d'un militant écologiste à Marseille, assassiné la semaine dernière et dont les obsèques se tenaient au même moment.
Partageant l'"émotion, la colère" et "la solidarité de l'ensemble de la nation" avec la famille Kessaci, qui a perdu en 2020 un autre fils, Brahim, dans un règlement de comptes, le chef du gouvernement a assuré que "tout sera fait pour que la justice soit rendue".
Le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez se rendra avec son homologue de la Justice Gérald Darmanin jeudi à Marseille à la demande du chef de l'Etat, qui ira lui même mi-décembre dans la citée phocéenne.
- Trafiquants "à cran" -
"Les trafiquants et notamment ceux qui dirigent les mafias marseillaises sont de plus en plus à cran parce que nous menons des actions qui sont extrêmement efficaces", a souligné Laurent Nuñez.
Etaient aussi présents à l'Elysée les ministres Amélie de Montchalin (Comptes publics) et Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères), ainsi que des magistrats spécialisés dont le procureur de la République de Marseille Nicolas Bessone, et le directeur national de la police judiciaire Christian Sainte. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin était en visioconférence depuis les Emirats arabes unis.
Comme en matière de terrorisme, Sébastien Lecornu a souhaité un "décloisonnement entre le national et le local" et entre "tout ce qui relève de la police administrative et la police judiciaire", ainsi que des "coopérations internationales" avec les pays où des commanditaires "continuent de donner des ordres".
Selon une source proche du dossier, le chef de l'Etat a téléphoné au militant écologiste Amine Kessaci, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, dont le frère Mehdi a été abattu par balle jeudi à Marseille. Le procureur Bessone a évoqué "un assassinat d'avertissement".
Ses obsèques mardi ont réuni dans la douleur les Marseillais, qui ont témoigné de leur effarement face à cette "nouvelle étape dans l'horreur" du narcobanditisme, redoutant qu'elle n'entraine l'omerta.
"Les grands effets d'annonce, c'est bien, les moyens concrets, c'est mieux", a réagi auprès de l'AFP l'avocat de la famille Kessaci, Me Mathieu Croizet, rappelant qu'il manque encore 30 magistrats dans la juridiction de Marseille.
Les faits criminels liés au narcotrafic se multiplient. A Grenoble, un jeune adolescent a été touché dans la nuit de samedi à dimanche par trois balles près d'un point de deal. Ses agresseurs sont en fuite.
- Municipales -
L'exécutif entend intensifier la mise en œuvre de la loi promulguée en juin pour lutter contre le narcotrafic, qui prévoit notammant l'installation d'un parquet national anticriminalité organisée (Pnaco) à compter du 1er janvier, sur le modèle du parquet national antiterroriste et du parquet national financier.
La loi comprend aussi des mesures répressives, des outils pour les enquêteurs, et la création de quartiers de haute sécurité dans des prisons pour y placer à l'isolement les narcotrafiquants les plus dangereux.
A quatre mois des municipales, le sujet devient un thème majeur dans la campagne électorale.
Le candidat RN à la mairie de Marseille, Franck Allisio, a réclamé "l'état d'urgence à Marseille", une mesure qui donne davantage de pouvoir aux préfets pour interdire certains rassemblements ou décider de perquisitions administratives.
La question devrait aussi être abordée au congrès de l'Association des maires de France (AMF) cette semaine à Paris. "Cette réalité nous la vivons dans les grandes villes, les villes moyennes mais aussi les villages", selon son président David Lisnard, maire LR de Cannes (Alpes-Maritimes).
Manuel Bompard, député LFI de Marseille, a lui appelé à "sortir de l'impasse répressive sur la drogue" tout en renforçant les moyens de la police judiciaire et de la justice afin de "démanteler en profondeur les réseaux de criminalité organisée".
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S.Schmitt--JdCdC