

Brésil: la pression judiciaire s'accroît sur Bolsonaro malgré le soutien de Trump
La pression judiciaire s'est accrue vendredi sur l'ex-président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro, malgré l'offensive de Donald Trump, qui en soutien à son allié d'extrême droite a lancé une guerre commerciale contre le Brésil.
Limité dans ses mouvements et dans son expression: déjà jugé pour tentative de coup d'Etat contre l'actuel président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, l'ancien chef d'Etat (2019-2022), 70 ans, s'est vu contraint de porter un bracelet électronique et interdit de recourir aux réseaux sociaux.
Le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes a justifié ces mesures en lui reprochant d'inciter, avec son fils Eduardo, à des "actes hostiles" des Etats-Unis contre le Brésil et de tenter de faire "obstruction" au procès, dont il a la charge.
Jair Bolsonaro a été surpris vendredi matin par une perquisition de la police à son domicile à Brasilia, puis conduit au secrétariat de la Justice de la capitale.
A la sortie, il a dénoncé devant une foule de journalistes une "suprême humiliation" après l'imposition du bracelet électronique.
A quelques semaines de la fin attendue de son procès, cette fracassante décision judiciaire intervient en pleine crise diplomatique et commerciale entre le Brésil et les Etats-Unis.
Dénonçant une "chasse aux sorcières" à l'encontre de Jair Bolsonaro, le président américain Donald Trump, 79 ans, a menacé la semaine dernière le Brésil de droits de douane supplémentaires de 50% à partir du 1er août.
Lula, 79 ans, a invoqué la "souveraineté" du plus grand pays d'Amérique latine et menacé de "réciprocité".
Dans un discours jeudi soir à la télévision nationale, il a réprouvé un "chantage inacceptable", tout en plaidant de nouveau pour la négociation.
Il a aussi qualifié de "traîtres à la patrie" "certains politiciens brésiliens" qui soutiennent les menaces américaines.
- "Gangster en toge" -
M. Bolsonaro est ciblé cette fois pour ses liens avec la Maison Blanche et la mouvance trumpiste, dont la cheville ouvrière est son fils Eduardo.
Ce dernier vit actuellement aux Etats-Unis, où il plaide auprès des autorités américaines pour des sanctions contre la justice brésilienne.
C'est à ce titre qu'il fait, comme son père, l'objet d'une enquête spécifique au Brésil, pour des soupçons d'obstruction au procès pour tentative de coup d'Etat.
Evoquant une "atteinte à la souveraineté", le juge Moraes estime que Jair et Eduardo Bolsonaro "incitent, encouragent et aident un gouvernement étranger à mener des actes hostiles contre le Brésil" et "tentent ostensiblement de soumettre le fonctionnement de la Cour suprême aux Etats-Unis d'Amérique".
L'ex-président voit dans son procès une "persécution politique" et risque plus de 40 ans de prison. Il est en outre inéligible jusqu'en 2030 pour désinformation sur le système de vote électronique utilisé pour le scrutin de 2022.
Plaidant pour une large amnistie, il espère faire annuler son inéligibilité pour pouvoir concourir à la présidentielle de 2026.
Déjà au pouvoir de 2003 à 2010, Lula a redit vendredi sa volonté de briguer un quatrième mandat. "Je ne vais pas rendre ce pays à cette bande de fous", a-t-il dit lors d'un événement public dans le nord-est du pays.
Au domicile de Jair Bolsonaro ont par ailleurs été trouvés "7.000 reais (environ 1.000 euros, ndlr) et à peu près 14.000 dollars", de son propre aveu. Il a nié toute irrégularité.
Sur le réseau social X, Eduardo Bolsonaro a qualifié Alexandre de Moraes de "gangster en toge", en référence à la tenue des juges de la Cour suprême.
Ce magistrat a choisi de prendre Jair Bolsonaro en "otage" en représailles aux "actions légitimes du gouvernement des Etats-Unis", a-t-il lancé.
Dans un communiqué, la défense de l'ancien président a exprimé "son indignation" face aux mesures "sévères" prises contre lui.
R.Robin--JdCdC