

Des vertiges à la mort, l'ONU appelle à protéger les travailleurs des chaleurs extrêmes
La hausse des températures mondiales a un impact de plus en plus néfaste sur la santé et la productivité des travailleurs, avertit vendredi l'ONU, qui appelle à des actions rapides pour limiter les risques.
"Des mesures immédiates sont nécessaires pour lutter contre l'aggravation de l'impact du stress thermique sur les travailleurs dans le monde entier", affirment l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Organisation météorologique mondiale (OMM), deux agences onusiennes qui publient vendredi un rapport commun sur cette question.
Le stress thermique, provoqué notamment par une exposition prolongée à la chaleur, survient lorsque l'organisme ne parvient plus à refroidir le corps, entraînant des symptômes allant des vertiges et des maux de tête jusqu'à la défaillance d'un organe et la mort.
Leurs recommandations s'appuient sur des données de l'Organisation internationale du travail (OIT), selon lesquelles plus de 2,4 milliards de travailleurs sont exposés à une chaleur extrême dans le monde, soit 71 % de la population active mondiale.
En conséquence, plus de 22,85 millions d'accidents du travail et près de 19.000 décès sont recensés chaque année
La fréquence et l'intensité des épisodes de chaleur extrême a fortement augmenté, accroissant les risques pour les personnes en extérieur comme à l'intérieur, rapportent l'OMS et l'OMM.
Coups de chaleur, déshydratation, dysfonctionnements rénaux ou troubles neurologiques... effets de la chaleur sur la santé sont variés et les ouvriers des secteurs agricoles, de la construction ou de la pêche sont particulièrement exposés, précisent-elles.
- "Défi sociétal" -
"Le stress thermique au travail est devenu un défi sociétal mondial qui ne se limite plus aux pays situés près de l'équateur", indique Ko Barrett, secrétaire générale adjointe de l'OMM.
Protéger ces travailleurs "n'est pas seulement un impératif sanitaire, mais aussi une nécessité économique", ajoute-t-elle.
D'après ces agences de l'ONU, la productivité des travailleurs diminue de 2 à 3% pour chaque degré supplémentaire au-dessus de 20°C.
Elles appellent à la mise en place de plans d'actions adaptés à chaque secteur et région.
"Sans une action audacieuse et coordonnée, le stress thermique deviendra l'un des risques professionnels les plus dévastateurs de notre époque, entraînant des pertes importantes en termes de vies humaines et de productivité", pour Joaquim Pintado Nunes, chef du service de la sécurité et de la santé au travail de l'OIT.
"Investir dans des stratégies efficaces de prévention et de protection permettrait à la planète d'économiser plusieurs milliards de dollars chaque année", poursuit-il en conférence de presse.
- S'adapter ou mourir -
Le rapport préconise de cibler en priorité les travailleurs âgés, ainsi que ceux qui souffrent de maladies chroniques ou qui ont une condition physique moins bonne, les plus sensibles au stress thermique.
Travailleurs, syndicats, experts de la santé et autorités locales doivent oeuvrer ensemble pour élaborer des mesures, est-il recommandé.
Le dernier rapport technique et les dernières recommandations de l'OMS sur le stress thermique au travail remontait à 1969, "une époque où le monde était très différent en termes de changement climatique", note Ruediger Krech, responsable de l'environnement et du changement climatique à l'OMS.
"Ce qui a changé, c'est la gravité" des épisodes de chaleur, ajoute-t-il, les dix dernières années ayant été les dix plus chaudes jamais enregistrées.
"Nous devons faire face à l'avenir à des chaleurs extrêmes. C'est une réalité pour beaucoup: il s'agit de s'adapter ou de mourir", assure Johan Stander, directeur des services à l'OMS.
G.Gaillard--JdCdC