Menacée de révocation par Trump, une gouverneure de la Fed reprend la parole
La responsable de la Réserve fédérale américaine (Fed) Lisa Cook, que Trump a tenté d'évincer, a recommencé lundi à livrer ses impressions sur l'économie américaine en faisant allusion à mots comptés à l'affaire judiciaire qui la concerne.
Depuis fin août, le président Donald Trump cherche à révoquer Mme Cook du conseil des gouverneurs de la Fed. Il l'accuse d'avoir menti à des banques lors de demandes de prêts immobiliers personnels.
L'affaire est désormais entre les mains de la plus haute institution judiciaire américaine, la Cour suprême, dont Donald Trump a cimenté la majorité conservatrice pendant son premier mandat.
Lundi, la gouverneure a repris ses engagements publics lors d'une intervention au centre de réflexion Brookings Institution à Washington, à laquelle a assisté l'AFP.
A la fin de son discours, et avant une séance de questions, elle a prévenu qu'elle ne commenterait pas l'affaire en cours.
Elle a ajouté que son poste au conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale représentait "l'honneur de (s)a vie" et qu'elle continuerait à l'occuper "au service du peuple américain".
Par la suite, des références indirectes à l'affaire ont toutefois émaillé les propos de la gouverneure, très applaudie par l'assistance à la fin de son intervention.
Elle a ainsi affirmé que l'indépendance de l'institution "méritait d'être défendue".
La complexité de la situation économique actuelle "vaudrait un cours quand je remettrai les pieds dans une classe - ce que je ne souhaite pas de sitôt", a-t-elle aussi lancé dans un sourire.
Nommée sous le président démocrate Joe Biden, Lisa Cook est la première femme noire à occuper un poste de gouverneure de l'institution monétaire.
Plusieurs décisions de justice lui ont jusqu'ici été favorables, à chaque fois contestées en appel par le président américain.
La Cour suprême, désormais saisie, n'a pas autorisé le chef d'Etat à révoquer sans attendre Mme Cook. Elle n'examinera pas l'affaire avant janvier prochain, offrant un répit à la gouverneure.
L'affaire pose la question des limites du pouvoir présidentiel à l'égard d'une institution censée fixer les taux d'intérêt à l'abri des ingérences et alternances politiques.
- "A deux vitesses" -
Sur le plan économique, Lisa Cook a souligné que les deux piliers du mandat de la Fed (emploi et stabilité des prix) présentaient des risques importants.
"Je m'attends à ce que l'inflation reste élevée l'année prochaine", a-t-elle dit.
Selon elle, "l'inflation devrait revenir vers notre objectif de 2% une fois que les effets des droits de douane (mis en place par l'exécutif américain, NDLR) seront derrière nous".
La gouverneure a par ailleurs souligné que l'économie semblait de plus en plus "à deux vitesses": "Les ménages aisés s'en sortent bien" quand "la situation semble se dégrader pour les foyers vulnérables et les classes moyennes et populaires".
Elle a cité en particulier l'augmentation du chômage chez les jeunes et les Noirs ces derniers mois.
M.Muller--JdCdC