

Technique, vérité, John Rawls au menu du bac philo: "Je pense que ça va aller"
"Notre avenir dépend-il de la technique?", "La vérité est-elle toujours convaincante?": plus de 530.000 lycéens de terminale ont planché pendant quatre heures lundi sur une question ou un texte de philosophie, coup d'envoi des épreuves écrites du bac, un examen toujours à forte charge symbolique même si les enjeux sont moindres.
En filière générale, les lycéens de terminale (386.135 selon les derniers chiffres du ministère de l’Éducation) avaient le choix entre ces deux sujets de dissertation, et un commentaire d'un texte extrait de la "Théorie de la justice" de John Rawls (1971).
"Le texte était assez clair, c'était un texte assez récent (…) Donc, c'était pas trop compliqué de trouver des arguments et des exemples", estime Tomas Le Guell, 18 ans, à la sortie du lycée Bréquigny à Rennes.
À Marseille, Orane Vis, 19 ans, dit avoir "eu de la chance parce que la technique, c’est ce qu’on a eu au dernier contrôle": "Je pense que ça va aller", souffle-t-elle en sortant du lycée Thiers.
À Paris, Nina Chazot, devant le lycée Chaptal, a planché sur la vérité: "j'ai parlé de ce qui peut se passer dans les régimes totalitaires" avec des gouvernements pouvant présenter comme "la vérité" ce qui est "en fait, plutôt une idéologie", en évoquant Hannah Arendt et Descartes.
Pour Hélène Péquignat, professeure de philosophie en Isère, les deux sujets de dissertation étaient de facture classique et elle n'y voit pas de référence particulière à l'intelligence artificielle ou aux "fake news".
"La recherche de la vérité, c'est ce qui préoccupe les philosophes depuis que la philosophie existe", remarque-t-elle, interrogée par l'AFP.
La philosophie compte coefficient huit pour les candidats au bac général, et quatre pour le bac technologique (sur un total de 100).
Dans cette dernière filière, (145.930 candidats), deux sujets de dissertation étaient proposés: "Sommes-nous libres en toutes circonstances?" et "Avons-nous besoin d’art?", avec également la possibilité d'opter pour un texte extrait de la "Théorie des sentiments moraux" d'Adam Smith (1759).
Le texte était "assez compliqué, mais faisable quand même", estime Titouan, 17 ans, à la sortie du lycée Bréquigny de Rennes.
"J'y allais au talent, honnêtement, parce que la philosophie, j'avais pas beaucoup besoin de réviser. J'ai d'autres matières plus importantes", ajoute-t-il, alors que de mardi à jeudi se déroulent les deux épreuves des spécialités.
Elles représentent à elles deux un tiers des résultats de l'examen (avec un coefficient 16 chacune).
- "Très émouvant" -
"C'est évidemment un moment toujours très émouvant pour les lycéens de passer le bac. C'est à la fois l'aboutissement de toute la scolarité, et le début d'une nouvelle aventure vers le supérieur et la vie professionnelle", a commenté lundi la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne en venant donner le top départ d'une "semaine intense" au lycée Buffon.
Bruno Bobkiewicz, proviseur dans ce lycée parisien et secrétaire général du syndicat SNPDEN, souligne que le bac a "beaucoup évolué".
"Aujourd'hui on est sur quatre épreuves", soit "quatre demi-journées alors que c'était beaucoup plus complexe avant", fait-il valoir, interrogé par l'AFP.
"Et puis aujourd'hui, on n'envoie plus les copies à l'autre bout du département, puisque tout est scanné à l'issue des épreuves", précise-t-il.
Depuis la réforme du bac en 2019, la note du bac repose à 40% sur le contrôle continu et à 60% sur des épreuves dites terminales (le français écrit et oral, passé en classe de première, les épreuves de spécialité, la philosophie et le grand oral en terminale).
Les lycéens de la voie générale et technologique passeront le grand oral entre du 23 juin au 2 juillet.
Les résultats du bac, qui reste le sésame indispensable pour poursuivre des études supérieures, seront publiés le 4 juillet. Mais beaucoup de lycéens connaissent déjà leur orientation pour l'an prochain, car Parcoursup donne ses réponses aux futurs étudiants depuis le 2 juin.
"Beaucoup savent qu'ils ont déjà une grande partie de leur baccalauréat, voire la totalité" avec le contrôle continu, "donc c'est plus des enjeux de mentions", souligne Marc Foglia, enseignant de philosophie dans un lycée de Pontarlier (Doubs).
Le taux de réussite au baccalauréat dépasse depuis 2012 les 80%. L'an dernier, il était de 91,2%, en hausse sur un an dans les trois voies (générale, technologique et professionnelle). En voie générale, il était de 95,9%.
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S.Schmitt--JdCdC