

Colombie: multiples attaques coordonnées dans le sud-ouest, quatre morts
Deux policiers et deux civils ont été tués mardi dans le sud-ouest de la Colombie visé par une série d'attentats à la bombe et d'attaques armées coordonnées, a indiqué la police.
Au total, dix-neuf attaques armées, explosions de drones et de voitures et motos piégées ont visé des postes de police et des bâtiments municipaux à Cali, la troisième ville du pays, et plusieurs municipalités voisines, a déclaré le chef de la police locale, Carlos Fernando Triana, à la station de radio locale La FM.
"Il y a deux policiers morts ainsi que des civils" a-t-il dit.
La police a ensuite précisé qu'au moins deux civils faisaient partie des victimes, et que 12 personnes ont été blessées, dont trois policiers.
Selon M. Triana, des combats sont en cours aux abords du village de Morales, dans le département de Cauca.
Selon le chef de la police, les guérilleros commémorent l'anniversaire de la mort en 2022 d'un ex-commandant, Leider Johani Noscue, alias "Mayimbu". Il qualifie ces attaques de "démentielles".
Diverses explosions ont été enregistrées dans le département de Valle del Cauca, dont à Cali la capitale où un policier a été tué, à Jamundi, à Corinto et à Buenaventura, le port le plus important de la Colombie sur le Pacifique.
D'autres explosions se sont produites à El Bordo et Villa Rica, situés dans le département voisin de Cauca.
A Corinto, un photographe de l'AFP a constaté les dégâts dans la rue et bâtiments environnants après l'explosion d'une voiture piégée.
Luz Amparo Hincapié, une habitante, était chez elle lorsque l'explosion a également ravagé sa boulangerie. "On a pensé à un tremblement de terre," a-t-elle déclaré à l'AFP. "Mon mari a dit +non, ça tire+". Elle est allée ensuite constater les dégâts sur son commerce: "Tout est détruit", s'est-elle lamenté.
- Arrestation imminente ? -
Dans ces deux départements et dans l'Amazonie colombienne, les dissidents des FARC de l'État-Major Central (EMC), commandés par Ivan Mordisco, occupent de vastes zones de culture de coca, le principal ingrédient de la cocaïne.
Depuis plusieurs semaines, des spéculations ont émergé concernant l'état de santé d'Ivan Mordisco, qui aurait été blessé lors d'une opération militaire, et sa possible arrestation. Ces attaques coordonnées pourraient être liées.
Le président colombien Gustavo Petro, qui avait ouvert des pourparlers de paix avec l'ensemble des guérillas et cartels qui opèrent dans le pays, premier producteur au monde de cocaïne, compare Ivan Mordisco au défunt baron de la cocaïne Pablo Escobar (1949-1993).
Le dialogue de paix entamé avec son organisation a été rompu en avril 2024, Mordisco ayant abandonné les négociations.
Ces attentats et attaques surviennent trois jours après la tentative d'assassinat à Bogota du sénateur de droite Miguel Uribe, 39 ans, prétendant à la présidence. Touché par deux balles à la tête, il est dans un état grave.
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues des grandes villes pour allumer des bougies, prier et exprimer leur colère. De nombreux Colombiens craignent un retour à la violence des années 1980 et 1990, lorsque les attentats des cartels, la violence des guérillas et les assassinats politiques étaient récurrents.
A.Aubert--JdCdC