

Un organisme soutenu par l'ONU évoque le "pire scénario de famine" à Gaza
Un organisme international de surveillance de la faim soutenu par l'ONU a affirmé mardi que le "pire scénario de famine est en cours à Gaza", où Israël a autorisé l'entrée de nouveaux camions d'aides humanitaires jugées à ce stade insuffisantes par les agences internationales.
Malgré une pause partielle dans les bombardements annoncée par Israël, la Défense civile et des sources hospitalières ont fait état de 30 morts dont 12 enfants dans des raids israéliens nocturnes sur le camp Nousseirat dans le centre du territoire palestinien, ravagé par près de 22 mois de guerre.
Prenant le contre-pied des affirmations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président américain Donald Trump a affirmé lundi qu'il y avait des signes d'une "vraie famine" dans la bande de Gaza.
Le "pire scénario de famine est en cours à Gaza" en raison de la guerre, des déplacements massifs de populations et des restrictions à l'aide humanitaire, selon le rapport IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire).
La crise humanitaire y "a atteint un tournant alarmant et mortel", souligne ce rapport, fruit du travail d'organisations non-gouvernementales, institutions régionales et agences de l'ONU spécialisées.
- 260 camions d'aide -
"Plus de 20.000 enfants ont été traités contre la malnutrition aiguë entre avril et mi-juillet, dont plus de 3.000 souffraient de malnutrition sévère" ajoute l'IPC. Les hôpitaux ont signalé au moins 16 décès d'enfants de moins de cinq ans depuis le 17 juillet, selon le rapport.
Les largages aériens de vivres autorisés dimanche par Israël "ne seront pas suffisants pour inverser la catastrophe humanitaire", avertit l'IPC, selon qui ces parachutages sont moins efficaces que les acheminements par la route.
Les aides "larguées ne suffisent pas (...) Nous avons besoin de plus, car nous mourons de faim et nous n'avons rien", dit Ahmed Al-Qoran, un habitant de Gaza.
Entretemps, les autorités israéliennes ont annoncé que les aides transportées par plus de 200 camions avaient été distribuées lundi par l'ONU et des agences humanitaires à Gaza.
Environ 260 autres camions ont été autorisés à entrer à Gaza pour décharger les aides aux points de collecte, alors que quatre camions-citernes de l'ONU ont transporté du carburant, selon elles.
L'ONU a dit qu'il fallait chaque jour au moins 500 à 600 camions de nourriture, de médicaments et de produits d'hygiène pour subvenir aux besoins immenses de la population palestinienne.
Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, s'est félicité "de l'allègement des restrictions à l’aide humanitaire vitale, mais cela est loin d’être la solution pour mettre fin au cauchemar".
Pour la porte-parole du Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Olga Cherevko, "il faudra du temps pour déterminer si (les mesures israéliennes) font une différence sur le terrain".
- "Pause tactique" -
Face à une forte pression internationale, Israël a annoncé dimanche une "pause tactique" quotidienne dans les hostilités, "de 10H00 à 20H00 (7H00 à 17H00 GMT)" dans certains secteurs de Gaza, à des fins humanitaires. Il n'a pas précisé sa durée.
Les itinéraires désignés pour les convois d'aide seront sécurisés de 06H00 à 23H00, d'après l'armée.
Mais M. Netanyahu a réaffirmé dimanche qu'"il n'y a pas de politique de famine à Gaza" et qu'"il n'y a pas de famine à Gaza".
Début mars, Israël a totalement interdit l'entrée des aides à Gaza, avant d'autoriser fin mai l'acheminement de quantités très limitées, entraînant de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant.
Israël, qui contrôle tous les accès à Gaza, accuse le Hamas de piller les aides, ce qu'il nie, et les organisations humanitaires de ne pas les distribuer. Mais celles-ci ont affirmé qu'Israël imposait des restrictions excessives et jugé très dangereux de distribuer l'aide en pleine guerre.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
En riposte, Israël a lancé une offensive d'envergure qui a fait au moins 59.921 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.
M.Mercier--JdCdC