

Le Texas et la Californie abattent leurs cartes électorales pour 2026
D'un côté, le Texas soutenu par Donald Trump. De l'autre, la Californie démocrate de Gavin Newsom: les deux Etats ont avancé jeudi vers le redécoupage de leurs cartes électorales, avec pour objectif de glaner un maximum de sièges au Congrès lors des législatives de novembre 2026.
Ces élections seront cruciales pour la deuxième moitié du mandat de Donald Trump, qui cherche à consolider l'actuelle courte majorité républicaine à la Chambre des représentants pour continuer à mettre en œuvre son programme politique.
Pour y parvenir, le président américain a entrepris de faire redessiner les circonscriptions électorales des Etats républicains en faveur des candidats conservateurs et au détriment des démocrates.
C'est le Texas qui a lancé l'offensive. Après son adoption à la chambre basse locale mercredi, puis son passage en commission jeudi, la nouvelle carte doit être approuvée vendredi matin par le Sénat de cet Etat du sud, à majorité républicaine.
Ce vote est attendu comme une formalité, tout comme la promulgation dans la foulée par le gouverneur républicain, Greg Abbott.
Pour redessiner sa carte électorale, le Texas utilise une vieille recette de charcutage électoral, nommée "gerrymandering", qui vise à diluer les voix adverses. De ce processus est né un nouveau croquis, aux formes disparates, qui doit permettre aux républicains de glaner jusqu'à cinq sièges supplémentaires au Congrès.
- "Autoritarisme" -
En Californie, Etat le plus peuplé du pays devant le Texas, les démocrates ont décidé de répondre par la même stratégie, soit de "combattre le feu par le feu", selon l'expression du gouverneur Gavin Newsom.
L'élu démocrate de 57 ans, qui prétend au rôle d'opposant numéro un à Donald Trump, a proposé une carte californienne qui pourrait offrir à son parti cinq autres élus au Congrès, permettant ainsi de compenser les pertes au Texas.
"Nous ripostons à ce qui s'est passé pour nous au Texas", a déclaré jeudi Gavin Newsom dans une interview au podcasteur progressiste David Pakman.
"De quelle preuve supplémentaire d'autoritarisme avez-vous besoin?", a-t-il ensuite lancé.
"Ces gars-là ne jouent pas (...), les gens doivent se réveiller et ouvrir les yeux", a ajouté le gouverneur, dénonçant un Donald Trump qui ne "respecte aucune règle".
Le Parlement californien a ainsi adopté jeudi une résolution qui organise un référendum en novembre, et qui, en cas d'approbation, redonnerait aux élus le pouvoir de redessiner les circonscriptions, à la place d'une commission indépendante comme c'est le cas depuis 2010.
Une réponse "intelligente et mesurée" à Donald Trump, a estimé l'ancien président démocrate Barack Obama (2009-2017).
- Garde-fous -
Au-delà du Texas, Donald Trump aimerait redécouper les cartes de l'Indiana, de l'Ohio ou encore du Missouri.
Pour la gouverneure démocrate de l'Etat de New York Kathy Hochul, il s'agit là du "dernier soubresaut d'un parti désespéré qui s'accroche au pouvoir". Elle a averti le président Trump dans un communiqué qu'elle "l'affronterait sur le même terrain et le battrait à son propre jeu", à l'image de la Californie.
Mais à l'inverse du Texas, où le processus législatif permet ce redécoupage relativement facilement, les Etats démocrates comptent plus de garde-fous, pour certains d'ordre constitutionnel, qui limitent leur marge d'action.
Au Texas, des élus démocrates ont estimé que la stratégie de découpage était une "violation claire du Voting Rights Act et de la Constitution" américaine.
Grande loi sur les droits civiques adoptée en 1965, le Voting Rights Act visait à empêcher les anciens Etats ségrégationnistes du Sud de priver les Afro-Américains du droit de vote.
Minoritaires au Parlement texan, les démocrates estiment que les républicains locaux veulent "réduire au silence les électeurs des minorités par un +gerrymandering+ raciste", jugeant que la nouvelle carte électorale va diluer les voix des électorats afro-américain et hispanique qui, traditionnellement, votent en majorité démocrate.
B.Bonnet--JdCdC