

Charlie Kirk, héraut du trumpisme auprès des jeunes Américains
L'influenceur conservateur Charlie Kirk, grièvement blessé par balle mercredi, est une voix majeure de la jeunesse pro-Trump aux Etats-Unis: le polémiste pilote un des podcasts les plus écoutés du pays et organise régulièrement des joutes oratoires sur les campus universitaires.
Agé de 31 ans, il s'est imposé comme un rouage important de la campagne de Donald Trump pour reconquérir la Maison Blanche l'an dernier, grâce à son organisation Turning Point, qui a organisé des opérations massives de porte-à-porte dans les Etats clés.
Son influence - 6,9 millions d'abonnés sur Instagram et 3,8 millions sur YouTube - a largement servi le tribun de 79 ans pour séduire les jeunes hommes américains en promouvant une conception utra-traditionnelle de la famille.
Volontiers provocateur, ce grand brun, qui défend le port d'armes à feu, écume les campus universitaires depuis plusieurs années.
C'est lors d'un événement de ce type dans l'Utah mercredi qu'il s'est fait tirer dessus, selon plusieurs médias américains. Une agression largement condamnée par la classe politique américaine, à droite comme à gauche.
Dans ces rassemblements, il invite les étudiants à débattre avec lui, devant ses caméras et des centaines de partisans. L'occasion de dérouler sa rhétorique radicale face à des contradicteurs mal préparés, pour alimenter des boucles virales sur les réseaux.
L'AFP l'avait rencontré dans un événement de ce type en octobre au Nevada, où il martelait sa volonté d'"éradiquer tous les avortements" car l'IVG "est l'Holocauste de notre époque", et affirmait que l'administration Biden avait créé "l'équivalent d'Expedia pour les (migrants) clandestins". Ou encore que "la résistance face à la tyrannie peut avoir une dimension biblique".
"Il apporte des idées différentes", applaudissait à l'époque Eric Hansen, 22 ans, venu l'écouter sur le campus de Reno. "Des idées auxquelles certains d'entre nous croient, mais qu'ils ont parfois peur d'exprimer ouvertement."
- Désinformation -
"Charlie Kirk est un nationaliste chrétien charismatique, qui sert de porte-parole au trumpisme et aux idées extrémistes", résume Kyle Spencer, auteure d'un livre pour lequel elle a suivi pendant plusieurs années son mouvement de jeunesse, Turning Point USA.
Co-fondée en 2012 par l'influenceur, alors âgé de 18 ans, cette association est devenue en une décennie le plus gros groupe de jeunes conservateurs aux Etats-Unis. Elle couve une armée de militants enthousiastes, dont certains ont été envoyés en bus à Washington pour la manifestation du 6 janvier 2021 qui a débouché sur l'invasion du Capitole.
Originaire de la banlieue de Chicago, Charlie Kirk a abandonné ses études pour se dévouer au militantisme.
Il a rapidement été biberonné par de riches donateurs républicains, jusqu'à entrer dans le giron de la famille Trump. Pendant la campagne victorieuse de 2016, il sert d'assistant personnel au fils du milliardaire, Donald Trump Jr.
Son éloquence lui a permis de devenir un commentateur régulier sur la chaîne conservatrice Fox News, puis de tenir un podcast quotidien très populaire.
En ligne, il alimente depuis des années la désinformation, sur l'élection de 2020 soi-disant "volée", ou le Covid-19.
Ses mensonges finissent parfois directement dans la bouche de l'ex-président. En 2018, il a faussement affirmé que certains manifestants scandaient "Nous voulons Trump" lors des rassemblements de "gilets jaunes" en France. Une fantaisie reprise par le milliardaire.
- Leveur de fonds -
Outre Turning Point USA, le polémiste s'est imposé comme un grand leveur de fonds. Il a fondé une entreprise de démarchage, Turning Point Action, qui a fait partie des principales organisations auxquelles Donald Trump a confié ses opérations de porte-à-porte en 2024.
Le groupe a récolté plus de 100 millions de dollars lors de la dernière présidentielle pour convaincre l'électorat conservateur de voter de manière anticipée dans les Etats clés.
Un travail qui a nécessité quelques contorsions, pour faire oublier les théories complotistes alimentées par de nombreux républicains sur le vote par correspondance.
F.Francois--JdCdC