

Roland-Garros: après une finale de légende, le duel Alcaraz-Sinner solidement installé
Cette fois, le doute n'est plus permis: après 5h29 d'une finale d'anthologie dimanche, le vainqueur de Roland-Garros Carlos Alcaraz et le perdant magnifique Jannik Sinner ont confirmé que leur rivalité était destinée à entrer dans l'histoire du tennis.
"Quel match! Le tennis est entre d'excellentes mains", a applaudi sur X la légende australienne Rod Laver auteur du Grand Chelem en 1962 et 1969.
La victoire d'Alcaraz 4-6, 6-7 (4/7), 6-4, 7-6 (7/3), 7-6 (10/2) est "un des plus grands matchs de l'histoire en finale d'un Grand Chelem", a renchéri Martina Navratilova (18 titres du Grand Chelem en simple) après la plus longue finale de l'histoire de Roland-Garros.
Des statistiques flatteuses, l'Espagnol et l'Italien pouvaient déjà en revendiquer des pages entières en entrant sur le court Philippe-Chatrier: 100% de victoires en finale des Grand Chelem pour les deux joueurs, plus jeune N.1 mondial de l'histoire pour Alcaraz (à 19 ans en 2022), premier Italien à dominer le classement ATP pour Sinner... Ils se sont en outre partagé tous les Majeurs depuis l'Open d'Australie 2024.
Leur manquaient encore l'émotion et les rebondissements d'un combat sans merci pour l'un des quatre plus prestigieux trophées du tennis, à l'image (entre autres) des célèbres Djokovic-Nadal en finale de l'Open d'Australie en 2012 (victoire du Serbe en 5h53) ou Djokovic-Federer à Wimbledon en 2019, remporté par "Nole" après avoir sauvé deux balles de match.
- Wimbledon 2008 -
Mais sur une terre battue où le tenant du titre Carlos Alcaraz, sacré à Monte-Carlo et Rome au printemps, partait avec une longueur d'avance, c'est peut-être de la finale Nadal-Federer de Wimbledon en 2008 que les deux artistes du court Philippe-Chatrier se sont le plus rapprochés.
A l'époque, "Rafa" avait terrassé en près de cinq heures le maître suisse, vainqueur des cinq éditions précédentes sur le gazon chargé d'histoire du temple londonien du tennis. Agé lui aussi de 22 ans, Nadal s'était offert au All England Tennis Club son cinquième trophée du Grand Chelem, comme Alcaraz dimanche à Paris.
Si +Carlitos+ a réussi à maintenir sa suprématie sur l'ocre parisien dimanche, il n'en a pas moins sauvé trois balles de match d'affilée à 5-3, 0-40 dans le quatrième set, face à un N.1 mondial qui disputait à Paris seulement son deuxième tournoi depuis son retour début mai d'une suspension de trois mois pour dopage.
"Un goût amer reste dans la bouche après Roland-Garros", écrit lundi matin dans la Gazzetta dello Sport l'ancien joueur Paolo Bertolucci.
"Le numéro 1 qui regardait dans le vide (sur son banc, K.O à la fin d'un combat historique) est une image inoubliable. Mais ce sont des images qui caractérisent la carrière d'un tennisman, qui peut être à deux doigts du triomphe et ensuite perdre", relativise l'ex-12e joueur mondial.
- "Cauchemar pour le présent et l'avenir" -
Pour le journaliste de Marca Joan Solsona, "Sinner peut repartir la tête haute, mais avec la sensation qu'Alcaraz est un cauchemar pour le présent et pour l'avenir".
Le quotidien sportif espagnol rappelle que si cette défaite est la cinquième d'affilée du N.1 mondial contre Alcaraz, elle est aussi sa première en Grand Chelem après vingt victoires de rang à l'US Open 2024, l'Open d'Australie 2025 et Roland-Garros.
"Pour notre sport, c'est extraordinaire d'avoir ces deux joueurs", s'est réjoui dimanche l'entraîneur du désormais quintuple lauréat en Grand Chelem, l'ex-N.1 mondial Juan Carlos Ferrero.
"Chaque fois qu'ils entrent sur le court, ils savent qu'ils doivent jouer un tennis incroyable pour battre l'autre. C'est quelque chose qui va certainement les aider à encore hausser leur niveau" à l'avenir, a pressenti le vainqueur de Roland-Garros en 2003.
Alors que le tournoi avait commencé par un hommage émouvant à l'immense carrière de Rafael Nadal (14 titres à Roland-Garros, 22 en Grand Chelem), et que Novak Djokovic a semblé faire ses adieux au public parisien après sa défaite en demi-finales, le passage de témoin entre le légendaire "Big 4" (Federer, Nadal, Djokovic et Andy Murray) et le nouveau duopole du tennis mondial pouvait difficilement être mieux mis en scène.
Mais pour soutenir la comparaison avec les 69 Grand Chelem amassés par le quatuor, Alcaraz et Sinner "vont devoir s'affronter pendant plus de dix ans au moins", a souligné Djokovic. Le tennis a encore de beaux jours devant lui.
R.Roux--JdCdC