

Euro féminin: l'Angleterre, championne d'Europe en délicatesse
L'Angleterre a perdu sa majesté sur le terrain et sa sérénité en dehors entre résultats décevants, défection surprise de l'icône Mary Earps et retrait d'une autre cadre, Millie Bright, mais elle conserve des atouts pour conserver son titre à l'Euro (2-27 juillet).
Les "Lionesses" débarquent en bêtes blessées et avec des griffes élimées en Suisse, où elles lanceront leur campagne contre la France, samedi à Zürich.
Sarina Wiegman a beau répéter que tout va bien, ou presque, la sélectionneuse traverse la période la plus délicate de son mandat sur le banc anglais, débuté en 2021 et magnifié par le titre européen de 2022, contre l'Allemagne (2-1 a.p.) devant 87.000 spectateurs à Wembley.
Son équipe a gardé un bel élan jusqu'en août 2023 et la finale du Mondial, perdue de justesse (1-0) contre les Espagnoles à Sydney, mais pas après.
Avant la défaite à Sydney, Wiegman n'avait perdu qu'une fois avec l'Angleterre, un match amical 2-0 contre l'Australie. Après, elle a subi six défaites en dix-neuf matches et manqué la qualification pour les JO à Paris, entre autres.
- Earps, l'onde de choc -
A ces nuages sportifs se sont greffées quelques tempêtes internes, dont la plus grosse a soufflé récemment autour du cas Mary Earps.
A 32 ans, la gardienne aux 53 sélections a claqué la porte au début du rassemblement de mai-juin, le dernier avant l'Euro, après la confirmation de son déclassement au poste de numéro deux.
"J'ai pris la difficile décision d'arrêter ma carrière internationale", a annoncé sur Instagram la très populaire gardienne du Paris Saint-Germain, sans s'épancher sur les "multiples dimensions" de son choix.
Les médias britanniques, comme The Telegraph, ont dénoncé la "décision égoïste" de la gardienne, et même Wiegman a eu du mal à cacher sa colère: "je suis déçue, je suis triste", a-t-elle euphémisé devant la presse.
La Néerlandaise a dû également avaler la retraite internationale de l'attaquante Fran Kirby (77 sél.), à qui elle n'avait pas garanti une place à l'Euro, et la pause de la défenseuse Millie Bright (88 sél.), sa capitaine en 2023, épuisée mentalement par une saison à rallonge.
- "Pas l'impression d'être en crise" -
"Il faut aller de l'avant", a tenté d'évacuer Wiegman, solide sur ses appuis: "nous n'avons pas du tout l'impression d'être en crise", d'ailleurs "il y a toujours du bruit avant les tournois".
Son discours a déteint sur Alessia Russo. "Il y a toujours de la pression et des cibles dans notre dos, surtout en tant que tenantes du titre", a clamé l'attaquante auprès de l'AFP. "Je pense qu'il y a beaucoup de talent dans le football féminin en ce moment et nous en faisons partie".
Russo fait partie de l'équipe d'Arsenal qui a surpris les favorites du FC Barcelone en finale de la Ligue des champions, en mai en compagnie de Beth Mead, Chloe Kelly et Leah Williamson, désignée capitaine anglaise à l'Euro.
En Suisse, les "Lionesses" pourront aussi compter sur le contingent de Chelsea, l'équipe-phare du championnat, avec la gardienne Hannah Hampton, la défenseuse Lucy Bronze, la milieu Keira Walsh et la N.10 Lauren James, revenue à temps d'une longue blessure.
Les Bleues pourraient aussi avoir affaire à Michelle Agyemang, buteuse d'Arsenal qui a crevé l'écran la saison dernière en prêt à Brighton, mais aussi en avril en marquant 41 secondes après ses débuts internationaux.
Bref, l'Angleterre a des failles et des forces, il reste à voir quel camp l'emportera.
G.Guerin--JdCdC