

Tour de France: encore une journée "presque parfaite" pour Pogacar
Vainqueur facile à Mûr-de-Bretagne, Tadej Pogacar a encore vécu une journée "presque parfaite", vendredi sur le Tour de France, si ce n'est la lourde chute de son principal lieutenant, Joao Almeida, d'ores et déjà éliminé de la course au général.
Intouchable dans ce genre de final, au sommet d'un mur bien raide, le champion du monde a réglé au sprint un groupe de huit coureurs pour s'imposer sans discussion possible devant Jonas Vingegaard et reprendre le maillot jaune à Mathieu van der Poel, absent des débats.
Il y a quatre ans, le Néerlandais avait vécu une journée magique en levant les bras au sommet de cet "Alpe d'Huez breton", devant Pogacar, pour endosser le maillot jaune que son grand-père Raymond Poulidor, décédé quelques mois plus tôt, n'avait jamais réussi à prendre.
Mais, vendredi, au lendemain de ses gros efforts fournis dans l'échappée vers Vire, le triple vainqueur de Paris-Roubaix était complètement à sec, se garant dès le pied de la montée. "Je me doutais bien que j'allais perdre le maillot jaune aujourd'hui mais c'était quand même spécial de revenir ici", a-t-il dit.
L'absence de "MVDP" a ouvert un boulevard à Pogacar, qui regrettait presque de ne pas avoir eu droit à sa revanche à la régulière. "Il avait sans doute laissé trop de forces" la veille, a constaté le Slovène.
Pour lui, en revanche, "tout a marché comme prévu", a-t-il ajouté, face à l'évidence de son attaque irrésistible aux 200 mètres. Elle a laissé tout le monde sur place, même si Vingegaard a lui aussi semblé très à l'aise pour repousser Remco Evenepoel et les jeunes loups, Oscar Onley et Kévin Vauquelin, à nouveau présents dans le final.
- "Un luxe" d'avoir Almeida -
"Je suis super content de gagner dans cette montée emblématique", a ajouté Pogacar, déjà vainqueur mardi à Rouen, après sa 101e victoire, la 19e sur le Tour, qui lui permet de creuser son avance en tête du classement général - 54 secondes sur Evenepoel, 1:11 sur Vauquelin et 1:17 sur Vingegaard.
"Une journée presque parfaite", a-t-il résumé.
Seulement "presque" car une grosse ombre a obscurci la fin d'après-midi de l'équipe UAE avec la chute de Joao Almeida. Le Portugais a violemment tapé le bitume dans une descente à six kilomètres de l'arrivée, en compagnie d'une dizaine de coureurs dont Jack Haig, contraint à l'abandon, et Louis Barré, qui a fini la fesse gauche complètement en sang.
Almeida saignait lui de la main gauche et du genou droit en franchissant la ligne avec plus de dix minutes de retard, ce qui l'élimine de la course au podium pour lequel il était un candidat sérieux.
Cela prive aussi la formation UAE d'une carte-maîtresse susceptible de brouiller les cartes dans sa guéguerre avec l'équipe Visma de Vingegaard, où Matteo Jorgenson occupe une fonction similaire, à la fois meilleur équipier et principal leurre.
"C'était un luxe de l'avoir dans la discussion pour le général, d'autant qu'il était en grande forme. Il est parti passer des radios. J'espère que ça va aller", a rapporté Pogacar.
- Costiou s'est fait plaisir -
Même s'il n'a peut-être besoin de personne tellement il domine, le Slovène sait qu'il peut s'appuyer sur une armada redoutable et a longuement chanté les louanges de ses coéquipiers.
Tim Wellens? "Un formidable capitaine de route, un gars unique sur le vélo et en dehors." Jhonatan Narvaez? "Précieux dans le dernier kilomètre." L'Allemand Nils Politt? "Une machine à contrôler l'échappée, même quand elle roule aussi vite qu'aujourd'hui."
L'étape, courue devant une foule immense, a de fait été avalée à toute vitesse par le peloton qui a atteint une moyenne de plus de 50 km/h lors des deux premières heures.
Une échappée de cinq coureurs a fini par se dégager avec Alex Baudin, Geraint Thomas, le doyen de ce Tour, Marco Haller, Ivan Garcia Cortina et le Breton Ewen Costiou.
Ce dernier s'est fait plaisir en sortant de l'échappée pour faire seul en tête la première ascension du mur final, devant un public en ébullition, avant d'être repris.
Les deux prochaines étapes, promises aux sprinteurs, devraient être "plus calmes", a espéré Remco Evenepoel, selon qui "le Tour n'est pas encore fini".
Mais Pogacar est quand même bien lancé et comme le disait le sprinteur érythréen Biniam Girmay: "à ce rythme il devient aussi le favori pour le maillot vert."
P.Lefevre--JdCdC