JO: Charles Coste, de Londres à la lumière
Médaillé d'or en poursuite par équipes à Londres en 1948, Charles Coste était le doyen mondial des champions olympiques: il est décédé jeudi à l'âge de 101 ans, a annoncé dimanche la ministre française des Sports Marina Ferrari.
Après avoir longtemps occupé une place anonyme dans la mémoire du sport français, il était sorti de l'ombre lors des JO-2024 à Paris, pour son 100e anniversaire.
L'immense majorité des Français ont fait sa connaissance devant leurs écrans le 26 juillet 2024, lors de la cérémonie d'ouverture, quand le pistard centenaire a transmis en fauteuil roulant la flamme olympique aux derniers relayeurs, Teddy Riner et Marie-José Pérec.
Depuis la mort en janvier 2025 de la gymnaste hongroise Agnes Keleti, Charles Coste, né le 8 février 1924, était le plus vieux champion olympique encore vivant.
"Ma mère racontait qu'à dix-douze ans, je disais que je serais général ou champion olympique", rapportait-il à l'AFP en janvier 2024.
Ce fut donc champion olympique. Dans un sport, le cyclisme, qu'il avait découvert enfant. Sous les fenêtres de la propriété vinicole de son père, à Ollioules (Var), défilaient chaque été ses idoles d'alors: Antonin Magne, Georges Speicher et André Leducq, vainqueurs successifs du Tour de France aux débuts des années 1930.
- Marseillaise perdue -
Après des premiers succès prometteurs dans des courses régionales, l'irruption de la guerre l'oblige à remiser un temps ses ambitions: ses parents l'inscrivent comme apprenti ajusteur à l'arsenal de Toulon.
Après la Libération, Charles Coste intègre le mythique Vélo Club de Levallois, qui fut une pépinière du cyclisme français dans l'entre-deux-guerres, et découvre les joies de la piste dans les vélodromes de la région parisienne.
En 1947, il remporte son unique titre de champion de France, en poursuite, et repousse son passage chez les pros pour participer un an plus tard aux Jeux de Londres - les premiers depuis ceux organisés à Berlin en 1936 sous le régime nazi -, réservés à l'époque aux amateurs.
Désigné capitaine de l'équipe de France de poursuite, il traverse la Manche en ferry et loge, avec sa bande des "ABCD" (initiales de Pierre Adam, Serge Blusson, Charles Coste et Fernand Decanali), au sein d'un camp d'entraînement de l'US Air Force, dans une banlieue londonienne encore défigurée par les bombardements.
Après avoir éliminé en demi-finale les Britanniques, favoris devant leur public du vélodrome de Herne Hill, les Français décrochent l'or en battant l'Italie.
"À l'époque, il y avait un podium tout petit. Et on vous remettait la médaille dans un écrin, pas autour du cou comme aujourd'hui. Ce qui nous a un peu déçus, c'est qu'on nous a remis un bouquet et ensuite on nous a dit: bon il n'y aura pas la Marseillaise parce qu'on n'a pas trouvé le disque!", s'amusait-il.
- "Ami" de Coppi -
À son retour à Paris, il est reçu à l'Élysée comme tous les médaillés par Vincent Auriol, alors président de la République.
Mais il dut attendre 2022 pour recevoir sa légion d'honneur, la décoration des médaillés olympiques n'ayant été instaurée qu'en 1964 par le général de Gaulle, pour les Jeux d'hiver d'Innsbruck.
"J'étais le seul champion olympique qui n'avait pas la médaille", affirmait celui qui s'est longtemps vu comme "un oublié" du sport français.
Après les Jeux, il signe son premier contrat pro et remporte en 1949 le Grand Prix des Nations - prestigieuse épreuve de contre-la-montre disparue depuis - face à son "ami" Fausto Coppi, "le plus grand" cycliste de tous les temps.
"Malheureusement pour lui, il était fatigué ce jour-là et j'ai gagné", glissait-il, modeste.
C'est la plus grande victoire de sa carrière professionnelle - qui compte aussi un Paris-Limoges en 1953 - durant laquelle il n'a pas brillé dans les grands Tours, avec deux abandons au Tour de France (1952, 1957) et quatre participations au Tour d'Italie sans victoire d'étapes.
L.Louis--JdCdC