

Flottille Gaza: ONU et UE condamnent les "attaques", l'Italie fustige l'initiative
L'ONU et l'Union européenne ont condamné mercredi les "attaques" nocturnes au large de la Grèce contre la flottille humanitaire en route pour la bande de Gaza, une initiative que la Première ministre italienne a jugé pour sa part "dangereuse" et "irresponsable".
Les "attaques" contre la flottille "doivent cesser et les responsables de ces violations doivent rendre des comptes", a déclaré le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, réclamant "une enquête indépendante". Les militants propalestiniens de la flottille affirment avoir été visés durant la nuit par des "drones sans pilotes", pointant du doigt Israël.
"Aucune attaque, aucune frappe de drone, aucune saisie ou utilisation de la force contre la flottille n'est acceptable", a réagi pour sa part une porte-parole de la Commission européenne.
Ces attaques "comprenaient le déploiement de dispositifs explosifs et incendiaires, la dispersion délibérée de substances chimiques (...), la neutralisation des dispositifs de communication d'urgence et des dommages physiques calculés visant à rendre les navires inaptes à la navigation et à mettre en danger les bénévoles à bord", a détaillé dans un communiqué la Global Sumud Flotilla.
"Ma condamnation de ce qui s'est passé cette nuit est totale et évidemment nous menons nos enquêtes pour avoir des certitudes sur les responsabilités", a déclaré mercredi la Première ministre italienne devant la presse à New York, quelques heures avant son intervention à l'Assemblée générale de l'ONU.
Giorgia Meloni a toutefois jugé cette initiative "gratuite", "dangereuse" et "irresponsable", ajoutant que le gouvernement italien travaillait actuellement à une solution alternative pour acheminer de l'aide humanitaire à Gaza en passant par Chypre.
"Il n'est pas nécessaire de se rendre dans un théâtre de guerre pour livrer des aides à Gaza, que le gouvernement italien et les autorités compétentes auraient pu livrer en quelques heures", a ajouté Mme Meloni.
Israël, répétant mercredi qu'il ne "permettra pas aux navires d'entrer dans une zone de combat active et n'autorisera aucune violation du blocus maritime légal", a proposé à la flottille de livrer son aide humanitaire "dans n'importe quel port d'un pays voisin extérieur à Israël, d'où elle peut être transférée pacifiquement à Gaza", selon un post du ministère israélien des Affaires étrangères sur X.
- Navire militaire espagnol -
Plus tôt dans la journée, le ministre italien de la Défense Guido Crosseto avait annoncé l'envoi d'une frégate militaire dans la zone où se trouve la flottille pour mener "d'éventuelles opérations de secours". Lui emboîtant le pas, l'Espagne a annoncé à son tour mercredi soir l'envoi d'un navire de la marine pour assister au besoin la flottille.
La diplomatie italienne a quant à elle demandé à Israël d'assurer la sécurité de la flottille, tandis que le ministère français des Affaires étrangères a condamné dans un communiqué "toute attaque en mer" et appelé "au respect du droit international".
Une soixantaine d'Italiens, dont quatre parlementaires, se trouvent à bord de la flottille, qui comprend une cinquantaine de bateaux avec plusieurs centaines d'activistes de 45 pays.
Les navires veulent rejoindre la bande de Gaza pour "briser le blocus israélien", après deux tentatives bloquées en juin et juillet par Israël.
Partie au début du mois de Barcelone (Espagne), la flottille a déjà annoncé avoir fait l'objet de deux attaques de drones alors qu'elle était à l'ancre au large de Tunis, le 9 septembre.
Selon la militante allemande des droits humains Yasemin Acar, cinq bateaux ont été attaqués dans la nuit de mardi à mercredi et "15 à 16 drones" ont été dénombrés.
Le député polonais Franek Sterczewski a déclaré sur X qu'il y avait eu "13 attaques" sur 10 navires en tout, et que trois d'entre eux avaient été "endommagés".
- Plus de 65.000 Palestiniens tués -
Selon les garde-côtes grecs interrogés par l'AFP, un patrouilleur de l'agence européenne des frontières Frontex s'est approché d'un des bateaux, sans constater de dégâts.
"Les personnes à bord ont mentionné l'incident, mais il n'a pas pu être établi qu'il avait effectivement eu lieu", a déclaré l'une de leurs porte-parole, sans pouvoir dire si l'incident présumé s'était produit dans les eaux internationales.
Contactée par l'AFP, l'agence Frontex a confirmé que l'équipage du voilier avait indiqué ne pas avoir "besoin d'assistance".
La guerre à Gaza, qui dure depuis bientôt deux ans, a été déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
L'ONU a déclaré en août l'état de famine dans le territoire palestinien, soumis à un strict blocus par Israël depuis près de deux ans.
Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, la guerre a coûté la vie à plus de 65.000 Palestiniens, en majorité des civils, en près de deux ans.
L'attaque du 7 octobre 2023 du Hamas contre Israël avait entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon des données officielles.
Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 sont toujours retenues dans la bande de Gaza, dont 25 considérées comme mortes par l'armée israélienne.
G.Gaillard--JdCdC